Les kinés et l’échographie : une liaison dangereuse mais nécessaire ?

LES KINÉS ET L'ECHOGRAPHIE : UNE LIAISON DANGEREUSE MAIS NÉCESSAIRE ?

Par Flavio Bonnet. Relecture Guillaume Deville.

La venue de Sean McAuliffe le mois prochain à Paris pour son cours sur l’échographie et les tendinopathies m’invite à vous parler d’échographie !

Aussi brûlante soit-elle, la question est la suivante : les kinésithérapeutes doivent-ils savoir faire de l’échographie ?

Voici ma vision des choses, teintée d’EBP bien entendu, mais qui n’engage que moi.

Nous faisons trop d’échographie

Force est de constater que nos patients nous ramènent trop d’imageries inutiles. Rappelons que les imageries servent à écarter une pathologie grave, à caractériser la pathologies existante ou éventuellement à modifier le traitement, et non pas à poser un diagnostic.
Dans la très vaste majorité des cas, le diagnostic est établi par la clinique.

Un outil très opérateur dépendant

Les études sur la fiabilité inter-examinateurs mentionnent que seule l’épaisseur tendineuse et la néovascularisation semble bénéficier d’une reproductibilité suffisante pour être utile en pratique. De plus, un manque de précision important reste à déplorer concernant la néovascularisation (1, 2).

En résumé, il faut être hyper-entrainé pour bien pratiquer l’écho.

Nécessité de connaissances et de formations avancées

A l’évidence, l’échographie est un outil non irradiant et non dangereux qui pourrait aider le kinésithérapeute à établir un diagnostic différentiel. Certains avancent qu’elle constituerait également un bon outil de suivi (ce dont je doute). Cependant, de solides connaissances acquises par une formation rigoureuse et poussée semblent le minimum nécessaire pour tout kiné qui souhaite se lancer dans l’écho.

Une pratique pluriquotidienne
Au delà des connaissances solides, la maitrise de l’échographie requiert non pas une pratique quotidienne, mais pluri quotidienne. L’apprentissage passe essentiellement par la répétition pour devenir performant.

Par conséquent, il m’apparaît que l’échographie peut être un outil pertinent dans les mains de kinés ou de médecins bien formés, qui suivent la littérature scientifique (ou le blog de l’Agence EBP :-) ), qui prennent toutes les précautions nécessaires avec leur patient pour leur expliquer les trouvailles échographiques sans générer d’effet iatrogène, qui utilisent l’échographie plusieurs fois par jour, pour établir un diagnostic différentiel susceptible de modifier leur proposition de traitement.

Mais alors, pourquoi l’Agence EBP organise-t-elle un cours sur l’échographie dans ce cas ?!

Oh la bonne question ! Parce que nous sommes convaincus que très peu de kinésithérapeutes se retrouvent dans la définition donnée ci-dessus mais qu’il est très important pour les kinésithérapeutes de savoir, lire, interpréter et communiquer autour des imageries médicales en général, et de l’échographie en particulier. En effet, nous sommes très souvent confrontés à des patients accompagnés de leur échographie en pratique libérale.

Vous comprenez désormais pourquoi Sean McAuliffe exposera dans son workshop la lecture qu’il faut porter sur les échos des tendons d’Achille et patellaire, comment les interpréter en rapport avec l’examen clinique et comment communiquer avec les patients à ce sujet. Ce cours promet d’être passionnant et en plus, cerise sur le gâteau, il sera DPC !

 

Référence :

1.  Mc Auliffe S, O’Sullivan K, Mc Creesh K. A systematic review to investigate the reliability of ultrasound imaging in measuring tendon thickness. Br J Sports Med 2014;48:635–6.

2. Gellhorn AC, Carlson MJ. Inter-rater, intra-rater, and inter-machine reliability of quantitative ultrasound measurements of the patellar tendon. Ultrasound Med Biol 2013;39:791–6.

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