10 conseils pour transformer sa pratique et enfin vivre l’EBP à fond !
Par Flavio Bonnet
1. Faire des bilans
Ça peut paraitre évident pour celles et ceux qui nous suivent en cette rentrée 2019 mais j’ai été très surpris d’apprendre que moins de 20% des kinés facturent des bilans !
Je vous recommande d’ailleurs de vous faire régler le bilan à la première séance. Les patients viennent voir un(e) kinésithérapeute pour avoir une évaluation, l’avis d’un professionnel de santé qui sera un acteur majeur de leur récupération ou qui va les orienter dans leur parcours de soins. Il est temps qu’il y ait une évolution des mœurs.
2. Poser des questions ouvertes
Les moins jeunes d’entre vous se souviendront sûrement d’une série qui s’appelait Nip Tuck. C’était le quotidien loufoque de 2 chirurgiens esthétiques qui voyaient défiler un large éventail de patients à qui la vie avait offert tous les paradoxes et excentricités possibles. La première question qu’ils posaient lors de leur évaluation en duo était : « Dites-nous ce que vous n’aimez pas chez vous ? »
Je cite souvent ce passage dans les cours de que je donne à La Clinique du Coureur.
Il faut donner l’opportunité aux patients d’exprimer pleinement pourquoi ils sont devant vous aujourd’hui sans les interrompre et avec empathie : « Dites-moi, qu’est-ce qui vous amène au cabinet ? » (cela fera sans doute sûrement écho à celles et ceux qui ont suivi notre formation entretien motivationnel !)
Cela renferme des pouvoirs que vous ne soupçonnez pas ! Give it a try !
3. Formuler un objectif clair
C’est l’étape cruciale du bilan.
« Il n’y a pas de vent favorable à celui qui ne sait pas où il va. » a dit Sénèque.
Je n’hésite pas à poser la question à mes patients : « Dites-moi, quel est votre objectif ? » Parfois même quand je m’emballe un peu et que je sens que la personne a besoin d’un mini électrochoc : « Dites-moi, à quoi vous aspirez ? (silence) Qu’est-ce que vous avez envie de faire ? ». Puissant.
4. Écrire le contenu de ses séances
Dans le rush, nous avons tous tendance à oublier ou à se rappeler approximativement de ce nous faisons pendant les séances avec nos patients. L’une des meilleures façons de se sentir avancer avec les patients est de noter succinctement ce que l’on fait lors des séances.
L’objectif étant pour nous de proposer, à chaque séance, d’en faire un peu plus. Chacun à son rythme en termes d’éducation, d’exercices, de progression dans les forces, pour atteindre l’objectif du patient. Step by Step.
5. Revalider que le patient a compris
Lors de la deuxième séance, inviter le patient à s’asseoir et à vous expliquer ce qu’il a retenu de la première séance. Vous serez particulièrement surpris (voire déçus !) de temps en temps de voir ce que les gens ont retenu de ce que vous aviez expliqué en première instance. Ça n’est pas grave. Reprenez. Si les patients ne rapportent pas correctement ce qu’il s’est dit lors de la première séance c’est n’est pas de leur faute. C’est de la nôtre ;-)
6. Faire des courriers aux médecins
L’outil redoutable pour : monter en crédibilité, ne plus avoir de prescriptions directives, se tisser un réseau de praticiens avec qui vous pouvez travailler en bonne intelligence, améliorer le parcours de soin, augmenter la confiance qu’à votre patient en vous. Indispensable.
7. Se former
Facile à dire pour le co-fondateur de l’Agence EBP n’est-ce pas ?! C’est malheureusement une triste réalité moins de 20% des kinés se forment régulièrement !
Mais vous, vous êtes différents ! Vous savez que la production des connaissances en kinésithérapie est exponentielle depuis quelques années et qu’il faut tâcher de rester à jour le plus possible pour apporter le maximum de valeurs aux patient(e)s et augmenter la confiance que vous avez ! Vital.
8. Connaitre les limites
Le salut de la kinésithérapie résidera aussi dans sa capacité à se remettre en question et à reconnaitre ses limites. Savoir référer quand il faut, avoir d’ores et déjà des connaissances sur l’accès direct, sur les pathologies (notamment rhumatologiques) qui ne relèvent pas de la kinésithérapie qui mais se retrouvent fréquemment dans nos cabinet par méconnaissance ou par parcours de soin tronqué.
9. Intégrer tous les paramètres
La vision de la kinésithérapie a récemment été bouleversée par la compréhension grandissante de l’influence du système nerveux central, du rôle du stress, de la fatigue, de l’anxiété, des croyances. Tous ces drapeaux jaunes sont autant de barrières à la guérison. Il faut re-contextualiser les patients dans leur environnement psychologique et social, dans leur hygiène de vie, dans les contraintes mécaniques qu’ils s’appliquent au quotidien et adresser chaque dimension dans le respect des compétences des kinésithérapeutes.
10. Comprendre que changer de pratique changera votre vie
C’est quelque chose que j’ai réalisé il y a quelques temps déjà. L’EBP m’a offert une vision qui a énormément fait évoluer ma pratique. Le quotidien devient beaucoup plus passionnant, dynamique et rempli d’actualités. Les échanges entre confrères sont beaucoup plus riches et solides. Cela me donne le sentiment que la kinésithérapie prend sa place dans le parcours de soin et compte vraiment aux yeux des autres professionnels de santé et des patients. Et ça c’est cool.